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Dans son rapport sur les villes dans le monde publié en 2022*, ONU-Habitat (l’agence des Nations Unies pour les établissements humains) indique que la population urbaine mondiale devrait augmenter de 2,2 milliards de personnes supplémentaires d’ici 2050. En dépit des dangers auxquels elles sont confrontées, le rapport conclue pourtant que « les villes sont là pour rester, et l’avenir de l’humanité est sans aucun doute urbain ».

Depuis plusieurs années, cet avenir est façonné par l’intelligence artificielle (IA), particulièrement par les IA génératives capables de concevoir du texte, des images, des vidéos ou d’autres médias en réponse à des prompts. Le lancement de ChatGPT fin 2022 et l’exploitation massive et indifférenciée des données d’apprentissage par son créateur OpenAI, ont soulevé de nombreuses préoccupations relatives à la propriété intellectuelle, la data, la souveraineté des algorithmes ou encore l’explosion de la consommation énergétique. « Au-delà de ces implications socio-économiques, son impact en matière de développement urbain et donc de gouvernance urbaine, a été assez peu envisagé et débattu », observe Hubert Beroche, fondateur de l’organisation internationale Urban AI, créé à l’issue d’un tour du monde de l’IA dans les villes. 

Urban AI : la technologie transforme la ville

Durant 6 mois, pour comprendre comment la technologie participe à transformer la fabrique de la ville, il a exploré 12 métropoles - Paris, Montréal, Boston, New York, San Francisco, Séoul, Tokyo, Singapour, Dubaï, Amsterdam, Londres, Copenhague - et rencontré 130 acteurs de l’IA, entrepreneurs comme grands groupes, urbanistes, architectes, philosophes ou encore élus locaux. Face au double constat de massification et de diversification des IA en ville, Hubert Beroche a posé le concept d’IA urbaine, entraînée à partir de données urbaines et déployée dans le contexte socio-spatial de la ville, un espace politique incarné et complexe.
Dans son rapport URBAN AI, il préconise d’ailleurs de considérer les IA urbaines avec singularité, au point d’appeler à urbaniser la technologie et faire en sorte qu’elle s’adapte au fonctionnement des villes et non l’inverse. Une vision à l’opposé de l’innovation urbaine portée durant des années par le concept de smart city, aujourd’hui très décrié. 

Le défi d’acceptabilité 

En créant des IA au service des villes, l’enjeu immédiat réside surtout dans la nécessité d’encadrer leur gouvernance et de former les citoyens. L’IA urbaine pouvant s’appliquer à l’ensemble des fonctionnalités de la ville, les cas d’usage ne manquent pas : meilleure prise en compte des réglementations locales, amélioration de la résilience territoriale, gestion des flux pour optimiser les transports en commun ou encore fléchage des investissements pour mieux comprendre la santé économique d’un quartier.
« Cette technologie n’est pas neutre et comporte un très fort enjeu lié à sa stratégie. Elle peut être utilisée comme une extension des valeurs d’une organisation, à condition d’avoir une approche méthodologique dans sa mise en place. Il est en effet nécessaire de prendre en compte la question de la gouvernance de la donnée, de l’inclusion numérique, des biais et la problématique environnementale de frugalité », précise H. Beroche, également consultant en IA urbaine à l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). 

Pour circonscrire les risques potentiellement sous-évalués de l’IA urbaine et garantir son acceptabilité, charge aux villes de bâtir des stratégies transparentes, qui intègrent sensibilisation et acculturation des citoyens. 

*Source : https://news.un.org/fr/story/2022/06/1122832

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